On raconte que c'est grâce aux éditions clandestines du samizdat - et donc, sans nom d'auteur - que fut introduite en Union soviétique la traduction du Proces. Les lecteurs penserent, dit-on, qu'il s'agissait de l'ouvre de quelque dissident, car ils découvraient, des le premier chapitre, une scene familiere : l'arrestation au petit matin, sans que l'inculpé se sut coupable d'aucun crime, les policiers sanglés dans leur uniforme, l'acceptation immédiate d'un destin apparemment absurde, etc. Kafka ne pouvait espérer une plus belle consécration posthume. Et pourtant, les lecteurs russes se trompaient. Le projet de Kafka n'était pas de dénoncer un pouvoir tyrannique ni de condamner une justice mal faite. Le proces intenté a Joseph K., qui ne connaîtra pas ses juges, ne releve d'aucun code et ne pouvait s'achever ni sur un acquittement ni sur une damnation, puisque Joseph K. n'était coupable que d'exister. Crime capital et a la fin du livre, deux - messieurs - l'emmeneront dans une carriere abandonnée et le tueront - comme un chien -.